vendredi 28 novembre 2025

SE DÉPASSER SOI-MÊME

 RÉSUMÉ

Voici un résumé du document SE DÉPASSER SOI-MÊME avec des points clés :

 

·       Se dépasser soi-même consiste à accueillir les défis comme des opportunités de croissance, en faisant confiance à la direction intérieure inspirée par l'Esprit Saint.

 

·       La persévérance dans l’adversité, l’ouverture au soutien des autres et la foi en Dieu sont essentielles pour sortir de sa zone de confort

 

·       La foi se manifeste par l’action en réponse à la volonté divine, nous poussant à accomplir ce que Dieu rend possible, même au-delà de nos capacités naturelles

 

·       Dépasser la peur de l’erreur est nécessaire : chaque difficulté devient une occasion de grandir et de renforcer sa foi.

 

·       Il ne s’agit pas de prouver sa foi par orgueil, mais de grandir humblement en Christ, sans rechercher la reconnaissance humaine.

 

·       L’engagement devant Dieu demande sincérité et confiance, plus que la perfection des paroles ou des actes.

 

·       Se dépasser, c’est aussi s’appuyer sur les promesses de Dieu plutôt que sur les repères humains changeants.

 

·       L’abandon total à Dieu, comme un patient envers un chirurgien, permet de découvrir la vraie liberté et la transformation intérieure

 

·       L’expérience missionnaire montre que chaque pas d’obéissance à l’appel de Dieu pousse à sortir de ses limites personnelles et à marcher dans la liberté qu’Il promet.

 

·       Jésus est le modèle du dépassement de soi, ayant obéi parfaitement à Dieu par amour et confiance

 

·       Être disciple, c’est accepter l’engagement profond et le service, au-delà de la simple croyance

 

·       Les réussites ne sont pas personnelles, mais le fruit de l’action de Dieu en nous.

 

·       Les anecdotes missionnaires illustrent que sortir de sa zone de confort, affronter l’inconnu et faire confiance à Dieu permet de vivre des expériences transformatrices et de porter du fruit.

 

·       Le dépassement de soi commence par l’accueil de l’autre, sans masque ni défense, et se poursuit dans la foi active et l’abandon à Dieu.

 

·       Les obstacles et imprévus sont des occasions de croissance et de renforcement de la foi.

 

·       Il est important de rester ouvert à l’aide des autres et de franchir les étapes hors de sa zone de confort pour se réaliser pleinement.

 

·       Le document se conclut par une prière demandant force, sagesse et foi pour accomplir la mission confiée par Dieu.



SE DÉPASSER SOI-MÊME

 

La définition de la foi en la Parole de Dieu, c’est notre action en réponse à l’ordre de la volonté divine, qui nous pousse à nous projeter dans ce que Dieu nous rend capables d’accomplir. Cela implique de vivre des expériences qui dépassent ce que nous ne maîtrisons pas naturellement, en s’appuyant sur la confiance en Sa puissance et Sa promesse.

Se dépasser soi-même, c’est dépasser la peur de se tromper. Qui veut apprendre, apprendra de ses erreurs. Oser sortir de sa zone de confort, c’est accepter la possibilité de l’erreur comme étape nécessaire à la croissance. Chaque difficulté rencontrée devient alors une occasion d’évoluer et de renforcer sa foi en l’action de Dieu.

Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, afin de prouver que nous avons la foi, ce serait s’engager sur la voie de l'orgueil en satisfaisant notre ego. Nous n'avons rien à prouver aux autres mais à connaitre ce que veut dire « Être en Jésus-Christ » ou « Je suis en Jésus-Christ ». 

Se dépasser soi-même, c'est avant tout une démarche intérieure, humble, qui vise à grandir en Lui selon la volonté de Dieu, et non à chercher la reconnaissance humaine. Ainsi, notre foi se manifeste dans l'authenticité de notre relation en Jésus-Christ avec Dieu, loin de toute recherche de gloire personnelle.

 

Le jour où Jésus est entré dans ma vie, me libérant du pouvoir des œuvres de ténèbres, c'est poussé par l'action du Saint-Esprit, ayant pris place dans mon cœur, que j'ai élevé devant l'assemblée ma première prière d'engagement. J'ai exprimé avec force les mots qui en débordaient. Étaient-ils justes ? Hum... La prière du juste n'a-t ’elle pas une grande efficacité ?

Ce moment fut un véritable dépassement de moi-même, car il m'a fallu vaincre la crainte du regard des autres et m'abandonner entièrement à la confiance en Dieu. Dans cette démarche, j'ai compris que ce n'est pas la perfection de nos paroles qui compte, mais la sincérité de notre cœur et notre désir de répondre à l'appel divin. S'engager ainsi devant Dieu et devant les hommes, c'est accepter de se laisser transformer et de grandir dans la foi, jour après jour, et de dépasser la peur de ne pas bien dire, de ne pas bien faire. C’est avec de tels aprioris que le diable veut tenir museler, inactif bien des croyants.

Se dépasser soi-même, c’est prendre en compte la valeur des promesses que Dieu nous offre de vivre par pure grâce en Jésus-Christ, plutôt que de rester emprisonné des valeurs changeantes dans ce monde. N’est-il pas écrit : « Malheur à l’homme qui se confie dans l’homme ! » Cela nous invite à tourner notre confiance vers Dieu seul, source de stabilité et de vérité, et à reconnaître que notre identité et notre espérance se fondent sur Sa fidélité plutôt que sur la fragilité des repères humains.

Suivre Jésus en Lui offrant notre vie, c'est alors s'abandonner à l'échelle de Ses valeurs visant à nous révéler l'œuvre de Sa gloire. Or, s'abandonner à Lui, c'est comme confier votre corps à un chirurgien et à l'anesthésiste. Vous êtes entre leurs mains et vous ne contrôlez plus rien. Ce lâcher-prise total témoigne d’une confiance profonde en Sa sagesse et en Sa bonté, acceptant que Son dessein s’accomplisse même au-delà de notre compréhension limitée. C’est dans cet abandon que nous découvrons la vraie liberté : celle d’être transformé à Son image, porté par la certitude que Sa volonté pour nous est bonne, agréable et parfaite.

Inévitablement, nous apprenons à nous dépasser et à connaître Jésus en nous, le bâtisseur de notre vie, Sa demeure. À mesure que nous grandissons dans la foi, nous découvrons qu’Il façonne patiemment notre être intérieur, y établissant Sa présence et Sa paix. Cette relation vivante avec Lui nous conduit à avancer, même dans l’inconnu, confiants que Son œuvre en nous porte du fruit et donne un sens à chaque étape de notre parcours.

 

En nous engageant dans la mission Vie Abondante début mars 1978, Michelle et moi nous nous sommes dépassés nous-mêmes. Cela faisait quinze mois que Jésus accomplissait son œuvre dans notre vie, il bâtissait jour après jour dans notre foyer ce qu’en fin de compte nous apprenions à découvrir. Ce n’était pas notre œuvre, mais Son œuvre, comme étant le fruit de Sa Parole. Notre engagement dans la mission allait donner suite au sens de se dépasser soi-même. C’est au travers de cette aventure que nous avons compris que chaque pas posé dans l’obéissance à l’appel de Dieu nous amenait à sortir de nos limites personnelles, pour marcher dans la liberté et la plénitude qu’Il promet à celui - celle, qui Lui fait confiance.

Ce cheminement a renforcé notre foi et notre unité, nous invitant à nous abandonner davantage à Sa volonté et à voir comment, par Sa grâce, Il pouvait faire de nous des instruments pour bénir les autres. Ainsi, la mission n’était pas simplement un service extérieur, mais un lieu où Dieu continuait de façonner nos cœurs, révélant chaque jour Sa fidélité et Sa capacité à transformer nos vies au-delà de nos attentes.

 

Reconnaître Jésus comme Sauveur et Seigneur de gloire, c'est reconnaître et accepter que Jésus, l’homme de Nazareth, s’est dépassé lui-même, étant dans un corps semblable au nôtre, mais conscient de Son identité en tant que Fils de Dieu soumis à la volonté de Son Père – notre Père. Il a choisi d’obéir parfaitement à Dieu, acceptant de traverser la souffrance et l’humiliation, non par faiblesse mais par amour et confiance totale en la mission qui Lui était confiée. C’est en cela qu’Il nous montre le chemin, nous invitant à suivre Son exemple d’abandon et de dépassement de soi dans l’obéissance et la foi.

Ainsi héritons-nous des promesses de Dieu. Beaucoup de croyants, certes. Mais combien d'ouvriers, d'ouvrières dans la moisson ? Autrement dit, combien de « disciples » ? Le disciple se dépasse lui-même en vue de saisir sa couronne de gloire. Être disciple, c’est accepter de quitter la facilité de la simple croyance pour embrasser le chemin exigeant de l’obéissance et du service. Cela implique un engagement personnel profond, prêt à renoncer à ses propres intérêts pour répondre à l’appel du Maître et porter du fruit pour le Royaume.

Il n'y a pas de triomphe personnel à se dépasser soi-même, lorsque nous sommes attirés par l'amour de Dieu à suivre la voie de Jésus, notre Libérateur, sous la directive du Saint-Esprit ayant fait sa demeure en nous. Ainsi, tout ce que nous faisons c'est Lui qui l'accomplit pour nous.

Je me souviens, alors que je réalisais mensuellement les travaux du magazine de l'œuvre Vie Comblée, arriva que notre photocopieur basique ne pût plus répondre à l'ensemble du tirage pour semer plus largement sa diffusion. L'idée d'une imprimerie offset est venue à la lumière dans mon esprit. C'était semblable à l'étoile du bon berger révélant aux bergers dans la steppe sauvage la naissance du Sauveur, le Messie. Je n'avais jamais fait usage d'une imprimerie. La seule chose que j'ai eu plaisir à observer dans l'œuvre du ministère Vie Abondante, c'est l'activité de l'imprimeur Roger sur une offset. Et je me retrouve cette fois avec une machine identique. Folie, folie... Je n'étais pas Roger !

Face à cette nouvelle responsabilité, j'ai ressenti à la fois de l'excitation et une certaine appréhension. Cependant, animé par la conviction que Dieu ouvrait une porte pour élargir notre mission, j'ai accepté le défi, en m'appuyant sur la confiance que Sa grâce comblerait mes lacunes et m'accompagnerait dans l'apprentissage de ce nouveau service.

Autant vous dire que je me suis dépassé moi-même en mettant mes mains dans l'encrier. La formation était là, sur le terrain. J'ai osé suivre l'idée "divine", folie au regard d'un imprimeur de métier. Cependant, 1000 journaux étaient semés mensuellement. Ce fut un apprentissage concret et exigeant: chaque tirage était à la fois un pas dans l’inconnu et une preuve tangible que Dieu pourvoyait, même lorsque les moyens semblaient limités. Peu à peu, ce défi est devenu un témoignage vivant de Sa fidélité, car chaque exemplaire diffusé portait la marque de Sa grâce et de notre engagement à servir selon Sa volonté.

Se dépasser soi-même peut se définir dans ce verset : « J'ai été crucifié avec Christ; ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; et ce que je vis maintenant dans mon corps, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi. » Galates 2:20 S21

En effet, comme l'écrit l'apôtre Paul, dès lors que nous reconnaissons que notre Messie Jésus a pris notre place sur la Croix, chacun(e) reconnaît et peut dire que c'est « moi » qui suis là, où Jésus me représente, portant ma nature séparée de la gloire de Dieu et entachée par la corruption. 

Et chacun(e) peut alors dire : « Je dois donc cesser de m'apitoyer sur « moi ». Bien mieux, je décide et je choisis de prendre pleinement en compte ma nouvelle nature en Jésus, celle qui me rend vivant(e) par sa résurrection et qui me permet de marcher dans la liberté de l'Esprit. Cette nouvelle identité en Christ me pousse à regarder au-delà de mes faiblesses et à vivre selon la puissance de Sa vie en moi, accueillant chaque jour la transformation qu'Il opère dans mon cœur. »

Oui, Pierre a osé sortir de la barque, laissant derrière lui ses peurs et ses limites humaines, pour répondre à l’appel de Jésus. Ce pas de foi, bien que fragile, est l’illustration parfaite de ce que signifie dépasser son « moi »: il ne s’est pas appuyé sur ses propres forces ou sur la sécurité relative de la barque, mais sur la Parole vivante du Seigneur lui ayant répondu « VIENS ! » Même lorsque le doute l’a saisi au milieu des vagues, c’est encore vers Jésus qu’il s’est tourné, découvrant que la grâce divine soutient celui qui s’abandonne véritablement à Lui.

Ainsi, chaque disciple est invité à vivre cette expérience: quitter le confort de ses certitudes, dépasser les peurs dictées par la chair et marcher, par la foi, sur le chemin où Dieu l’appelle. C’est là que le « moi » cède la place à Christ vivant en nous, et que l’on participe à l’œuvre extraordinaire de Sa grâce, jour après jour.

 

Dans cette réflexion, soumettant mon esprit à l’Esprit de Dieu, combien de disciples se dépassent eux-mêmes à l'exemple de Pierre (et de tant d’autres) et sortent de leur zone de confort pour se rencontrer eux-mêmes dans le Christ glorifié? Il est frappant de constater que sortir de sa zone de sécurité demande une foi vivante et une obéissance qui va au-delà du simple assentiment intellectuel: il s’agit d’un engagement concret, d’un abandon de soi-même pour entrer dans la réalité transformatrice de la vie en Christ.

En comparaison du «disciple» et du «chrétien», combien de chrétiens(es) aujourd’hui privilégient la recherche d’une parole rassurante, garantie d’une zone de confort spirituel? Trop souvent, la tentation est grande de s’arrêter à une foi confortable, qui évite le risque du pas de foi et l’inconfort du changement profond. Pourtant, c’est en quittant ces certitudes que l’on découvre la véritable liberté qui se trouve dans la marche avec Jésus, là où la Parole vivante nous appelle à grandir et à porter du fruit, même au cœur de l’inconnu.

Je me souviens d'une anecdote qui mériterait un livre de poche. Dans les années 1980-1987, engagé dans l'action du ministère de l'Évangéliste Jean-Louis JAYET et de l'œuvre Vie Abondante qui lui était attachée, le continent africain était le champ de son activité missionnaire. Aujourd'hui, ce champ a fleuri abondamment des semences déversées par la foi, à la gloire de Jésus-Christ. Se dépasser soi-même a été un exercice propre à chaque compagnon d'œuvre pour marcher à la suite de cet humble ministre de l’Évangile.

En me rappelant le retour du témoignage de ses croisades d’évangélisation, où les conditions étaient extrêmement rudimentaires: les voyages, routes impraticables, et une chaleur écrasante. Cependant, animé du désir de servir, traversant ces obstacles pour apporter le message de l'Évangile. Les rencontres avec les habitants, leurs témoignages de foi et leur soif de vérité ont profondément marqué chacun d'entre nous, et c'est dans cette atmosphère de simplicité et d'abandon que nous avons expérimenté la puissance de Dieu à l'œuvre à la suite de l’action d’un tel homme se dépassant lui-même.

Ce souvenir illustre combien se dépasser, c'est accepter de sortir de sa zone de confort, de se laisser guider par l'Esprit et d'accomplir des choses que l'on n'aurait jamais imaginées. Au fil des années, l'empreinte laissée par ces actes de foi est devenue un témoignage vivant: les fruits visibles aujourd'hui de l'œuvre Vie Abondante est le résultat de ces pas courageux, semés un à un dans l'obéissance et la confiance.

C'est dans cette atmosphère de foi que l'attirance de fouler ce continent sur les traces d'un tel meneur d'hommes s'est intensifiée, au point que la visibilité grandissait de jour en jour, et le désir s'enracinait dans mon cœur — le cœur de notre foyer. Et le jour est arrivé où l'occasion m'a été donnée d'effectuer mon premier voyage en Afrique, accompagné d'un couple de missionnaires aguerris. Ils représentaient pour moi « ma zone de confort ». Je n'avais alors qu'à les suivre et à découvrir, laissant le Seigneur guider mes premiers pas sur cette terre d'espérance et de promesses.

Ce voyage a marqué un tournant dans mon engagement, car il m’a permis d’expérimenter concrètement ce que signifie se confier pleinement à Dieu. Chaque étape, chaque rencontre, chaque défi rencontré sur place m’a appris à m’abandonner davantage entre Ses mains, tout en m’appuyant sur l’expérience et le soutien de ceux qui m’entouraient. Ce fut l’occasion de vivre la réalité d’une foi active, où l’on grandit en prenant exemple sur des modèles de persévérance et de dévouement, mais où l’on apprend aussi à faire confiance à l’appel personnel que Dieu met sur notre vie.

Je me souviens encore de mon arrivée à Bangui, en Centrafrique, ce moment où la moiteur de l’air et la vivacité des couleurs m’ont frappé dès la descente de l’avion. Mais ce sont surtout les visages, porteurs d’histoires profondes, qui m’ont accueilli. Parmi eux, la première main tendue fut celle d’un ancien lépreux, marqué dans sa chair mais rayonnant d’une dignité silencieuse. Son geste simple, son sourire timide, ont provoqué en moi un bouleversement intérieur: toutes mes appréhensions, toute la distance que je croyais nécessaire, ont volé en éclats devant l’humanité de cette rencontre. J’ai compris alors que le vrai dépassement de soi commence par l’accueil de l’autre, là où il se trouve, sans masque ni défense.

Cela fut pour moi le prélude à une sortie radicale de ma zone de confort. Quelques jours plus tard, le temps était venu de quitter le couple missionnaire qui avait été mon repère rassurant. Un nouveau défi m’attendait: accompagner un chauffeur de poids lourd jusqu’à Douala, au Cameroun, pour aller récupérer un camion humanitaire destiné à un orphelinat au sud du Tchad. Ce départ, vécu comme un arrachement, m’a confronté à mes propres limites: l’inconnu de la route, la responsabilité du matériel, la solitude, et l’incertitude du voyage. Pourtant, c’est dans cet espace d’insécurité que la confiance en Dieu a pris tout son sens, me poussant à m’appuyer sur Sa fidélité plutôt que sur mes propres forces.

Le voyage fut long et semé d’obstacles, mais chaque étape portait en elle une promesse: celle de voir l’amour de Christ se traduire en actes concrets. Le but était clair: acheminer ce camion jusqu’à l’orphelinat, où le couple missionnaire nous attendait, symbole vivant de l’espérance et de la persévérance. Sur cette route, j’ai découvert combien la foi se vit à travers le don de soi et la capacité à faire confiance, même lorsque l’horizon semble incertain. Ainsi, la mission Vie Abondante a pris tout son sens: avancer, pas à pas, là où l’appel de Dieu ouvre des chemins nouveaux, portés par la certitude que Sa grâce accompagne chaque engagement sincère.

À Douala, un nouvel imprévu m’attendait: les papiers du camion, pourtant indispensables, avaient été égarés chez un autre transitaire. Cette complication m’a obligé à laisser mon compagnon de route derrière moi et à poursuivre seul, sans repère, vers l’inconnu. C’est dans cette solitude que j’ai commencé à découvrir ce que signifie véritablement avoir une vie cachée en Christ: une dimension de l’existence que l’on ne connaît qu’en se laissant guider par la foi, en s’aventurant là où seuls les pas confiants dans la Parole de Dieu peuvent nous mener.

J’ai eu la grâce de croiser une Européenne, originaire d’Aquitaine, dans une minuscule agence locale. Avec une générosité inattendue, elle m’a aidé à obtenir une place sur un vol privé à destination de Garoua, au nord du Cameroun. Mon arrivée nocturne dans cette ville inconnue fut le prélude à une nouvelle aventure: afin de limiter les frais, un chauffeur de taxi, fier de son véhicule tout neuf, a accepté de me conduire jusqu’à la frontière tchadienne, à une centaine de kilomètres de là. Voulant tester sa voiture, il roulait à vive allure, esquivant chèvres, poules et autres animaux qui défilaient sans que je puisse les compter, me rappelant ainsi que chaque étape, aussi imprévue soit-elle, fait partie du chemin de foi où Dieu veille sur ses enfants, même au cœur des imprévus et des rencontres insolites.

A la frontière tchadienne côté Cameroun, mon taximan, après avoir été payé, se mit en quête de me trouver un lieu pour me reposer. Au milieu de la nuit, éclairé par quelques lueurs de lampes à pétrole, dans un silence absolu, je fus accueilli dans une case servant de réserve de boissons par "maman Didi". Elle me prit doucement par la main pour m’isoler des autres chauffeurs qui dormaient, allongés sur des caisses empilées. Un matelas en mousse, recouvert d’un drap blanc immaculé, semblant faire office de linceul pour le « moi », m’attendait là, posé sur le sol de ciment qui faisait office de sommier, offrant à mon "moi" fatigué une place à la fois humble et précieuse pour m’abandonner au repos.

Au lever du jour, je fus ébahi devant les nombreux poids lourds chargés à outrance, certains en réparation, et je fus interpellé par deux chefs en tenue traditionnelle. Ils étaient informés sur ma destination et m'accompagnèrent auprès de deux transporteurs qui me serviraient de covoiturage. C'était deux camions citernes flambants neufs, transportant du carburant.

En franchissant la frontière, la patience fut de mise. Il y avait là près d'un millier de personnes qui attendaient pour passer les formalités. J'ai eu l'occasion de prier pour certaines d'entre elles qui étaient malades.

Étant dans le premier camion, après avoir contrôlé les papiers, le deuxième camion était retenu plus longtemps à certains points de contrôle. Les chauffeurs étaient des musulmans qui s'arrêtaient à l'heure de leurs prières. Ils ne parlaient pas un mot de français. Et moi pas un mot d'anglais. Trois jours de voyage pour 750 km de piste.

Les contrôles se faisaient à l'entrée et à la sortie de chaque village. Près de 35 contrôles effectués sur le trajet. Et toujours le second camion retenu plus longuement. Et je me suis aperçu pour quel motif. Quand la gendarmerie, la police, les militaires, la douane, à l’entrée comme à la sortie d’un village me demandaient le sujet de ma présence au Tchad, j'évoquais le but de ma mission et ma destination. Aucun d’eux ne discutait et le premier camion passait, tandis que le second, il y avait « le billet passe-partout » !

C'était la période de la révolution. Nous fûmes arrêtés par un groupe armé voulant être dépanné. Les mécaniciens qui accompagnaient « mes chauffeurs bienfaiteurs » se mirent à l'œuvre. Pendant ce temps, pour détendre une ambiance crispée, je donnais çà et là quelques littératures chrétiennes avec un mot d’encouragement.

Poursuivant la piste chaotique, le bruit du moteur diésel était ma musique qui me berçait, et les images de l’environnement que nous traversions s’imprimaient dans ma mémoire. Ce n’était pas celles d’un safari. C’était celles que le Seigneur me faisait toucher, sentir l’odeur, comme me testant : « Es-tu toujours prêt à ma suivre ? »

Arrivé à un poste de contrôle de la gendarmerie, je vis arriver un groupe militaire qui scandait « nous les avons arrêtés ! » C'étaient ceux-là mêmes qui venaient d'avoir été dépannés, qui formaient un groupe de rebelles. Ils venaient d’être appréhendés. Et j'avais dans ma poche certaines de leurs adresses. Je n'ai pas été fouillé.

Trois jours et trois nuits, avec un peu de sommeil entre-coupé, avec un peu d’eau dans ma gourde, grignotant quelques os de mouton enveloppés d’un peu de viande, j’arrivai au dernier contrôle, épuisé mais déterminé à atteindre mon but. Le douanier, manifestement ivre et d’humeur belliqueuse, nous arracha nos passeports des mains et, incapable de les lire, menaça de nous retenir sur place, espérant obtenir lui aussi son «billet passe-partout». 

Après de longs palabres et une tension palpable, je pus finalement poursuivre mon chemin, avec le concours d’un bienfaiteur connaissant l’orphelinat, cette fois à l’arrière d’une moto, parcourant les derniers kilomètres dans la nuit. Il était près de 21 heures lorsque j’atteignis l’entrée de l’orphelinat, accueilli par les aboiements déterminés de deux gardes. À la lueur d’une lampe à pétrole, Jean-Pierre, le fondateur m’accueillit avec ces mots: «Tu as réussi ton baptême!», Et je retrouvais Jean et Lucienne, le couple missionnaire, souriant, heureux de mon arrivée : « Yves, tu es bon pour l’Afrique!» Et Monique, la fondatrice, épouse de Jean-Pierre me servit une belle et bonne omelette qui fit mon régal.

Un exploit pour eux, car ce voyage n’était pas prévu dans ces conditions. Et ils ne pouvaient rien en modifier. Pas de téléphone portable. Pas de SMS. Le Seigneur Jésus m’a pris en charge et me plaça dans les conditions réelles d’un de ses apprentis missionnaires. Et je suis allé à la rencontre de moi-même. Je n’avais pas d’autres choix que d’avancer, portant mon regard sur Jésus. Oui, il cheminait avec moi.

Bien souvent cette question revenait à mon esprit :

-              « Tu aimes toujours comme Moi j’aime ? »

Je répondis :

-              « Seigneur Jésus, j’apprends de Toi à me dépasser pour aimer comme Toi tu aimés. »

 

Se dépasser soi-même, c'est avancer à la découverte de soi, en entendant cette voix interne, familière, qui est celle de Notre Père. Il désire nous faire toucher les réalités telles que Lui veut nous les montrer. J'y suis retourné deux fois au Tchad. Jusqu'au jour où j'ai posé cette question à mon père spirituel :

« Jean-Louis, cet appel est là dans notre cœur. Mais sur place, chaque fois il y a comme un grain de sable dans les rouages. Est-ce que nous faisons fausse route ? » 

Il me répondit : « Tu sais Yves, notre Seigneur Jésus-Christ est capable de te faire effectuer ces voyages pour t’amorcer sans la foi ! » (J’étais un disciple en formation.)

C'est en 1989, 14 mois après notre attachement au ministère pastoral, par la semence de nos magazines Vie Comblée, qu’un frère dans la foi, du Centrafrique, eut la curiosité de ramasser l'un de nos magazines, qui fut abandonné dans la brousse, aux environs de Kinshasa (RDC). De cette connaissance qui s’en est suivie, notre Seigneur Jésus-Christ nous ouvrit la voie du Gabon, Centrafrique, Congo (R.P.P), Burkina Faso, Côte d'Ivoire…

En conclusion, se dépasser soi-même implique d’accepter les défis et les obstacles comme des opportunités de croissance. Il est essentiel d’écouter cette voix intérieure qui guide vers ce que l’on est appelé à accomplir, tout en gardant confiance durant chaque étape de la mission qui nous est confiée. 

Persévérez malgré les incertitudes et les imprévus, car c’est souvent dans l’adversité que l’on découvre ses plus grandes ressources de Dieu qui nous affermit dans la foi.

Enfin, soyez ouvert à l’aide et au soutien des autres, et n’oubliez pas que chaque pas franchi hors de sa zone de confort rapproche un peu plus de la réalisation de soi.

 

Dans la foi et l’amour de notre Père,

Votre frère

Yves GRAVET

Pasteur-Missionnaire

 

Vous vous reconnaissez dans cette réflexion. Et le désir de vous dépasser vous-même est là à la porte de votre cœur.

Je viens, au Nom de Jésus, exprimer avec vous cette prière à notre Père :

« Seigneur, notre Père bien-aimé, nous te confions ce désir ardent de sortir de notre zone de confort. Donne-nous la force de surmonter nos peurs, la sagesse d’accueillir les défis et la foi d’avancer là où tu nous appelles. Que ton Esprit nous guide chaque jour, afin que nous puissions réaliser pleinement la mission que tu as déposée en nos cœurs. Amen. »

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